Dans son texte, André Gide se donne une liberté entière dans la juxtaposition de ses écrits rassemblés sans sujet précis, mais avec la même intention de se donner une liberté entière à ses pensées, ses idées et ses impressions, faisant surgir une sensualité à travers les mots dans un langage cru et charnu mais spirituel de ses expériences.
De façon analogue, j’assemble comme un puzzle ces photographies traduisant des émotions, des impressions, des visions intimes et personnelles. De cet assemblage intellectuel et visuel nait une nouvelle lecture plus complexe où les images se répondent, s’accrochent, interfèrent. Ces interférences et ces frictions appellent à une lecture libre, sans réponse ni démonstration, mais où le fil conducteur serait dans le mystère même de l’acte photographique.
Le travail de Pascaline Marre se penche sur ce qui peut être révélé par l’absence, ce qui apparaît sous le visible et dans les interstices de réalités. Elle cherche des signes, qui, au-delà du sujet, révèlent et évoquent, disent par le silence. Dans cette quête, la disparation de ce qui a été et qui n’est plus, qu’elle soit réelle et imaginaire, historique ou fantasmée, est une question récurrente dans son travail. De la maison de famille au génocide arménien, elle cherche, fouille, explore jusqu’aux tréfonds pour tenter de capter ce qui nous lie et nous délie, ce qui nous anime et nous perd. Elle en cherche le point de bascule et de tension, à travers une écriture singulière et intimiste. Pascaline Marre vit et travaille à Paris. Elle est représentée par la galerie Binôme, Paris 75004.