Olivier Philippot

L’idée et l’exécution de cette série me plaisent énormément. Deux séries parallèles qui finissent par se confondre, une réflexion sur l‘identité, sur les rituels, la ville, les coulisses du théâtre urbain. Les photographies réalisées par Olivier Philippot fonctionnement merveilleusement bien ensemble, et forment un tout cohérent, vivant et de qualité. Isolées, les images ne sont pas forcément toutes très fortes et égales en qualité, mais cet aller-retour entre un lieu et l’autre, dans des univers si distincts, nous offrent un voyage visuel frappant et techniquement de très bon niveau.

Ces photographies m’ont rappelé le bijou de Wong Kar Wai, Chung King Express – ou même aux Fraggle Rocks de mon enfance… Des vies souterraines, parallèles, trépidantes.

Ce qui me frappe d’emblée en découvrant la somme de ces images – cette mosaïque- ce sont d’abord ces formidables couleurs, puis les motifs et les formes qu’Olivier perçoit dans ces galeries et reproduit dans les multiples méandres, recoins et reflets de ces deux mondes.

On sent que le photographe a pris un plaisir fou à suivre les différents sujets de ses images, à les observer discrètement ou à les faire poser. Une des grandes réussites de ce projet, c’est que le spectateur se régale tout autant de ce festin visuel : ces images provoquent une véritable joie sensorielle et sensuelle. Les couleurs, les formes, les motifs, mais aussi l’atmosphère. Il règne dans ces images une énergie formidable, une flamboyance, un rayonnement qui, là encore, proviennent non seulement des sujets photographiés mais aussi du plaisir visible qu’Olivier prend à son ouvrage.

Le naturel de ces scènes tient au bon choix de ses personnages : ceux qui restent et ceux qui ne font que passer, les passagers des passages. Olivier photographie ses sujets avec tendresse, humour et discrétion.

Si l’on regarde les images une à une de manière plus systématique, on repère quelques faiblesses : la lumière est parfois un peu trop froide ou directe : dans l’image 3, la clarté émanant de la gauche du cadre attenue la force de la scène se déroulant à droite (la lectrice). C’est une question de lumière mais aussi sans doute une question de cadrage : sans la partie gauche, l’a photographie aurait peut-être mieux tenu.

Dans le cas de la photo 7 également : cadrée différemment, plus centrée sur la femme à gauche, l’image aurait gagné en force, car les couleurs n’auraient pas été atténuées par le sol et la lumière blanche émanant du cote droit. Les rayures bleues et blanches du sujet principal n’en auraient été que plus frappantes.

L’image 12, avec le même sujet, et mieux composée et faire ressortir des éléments qui eux complètent la scène, comme les lampadaires très parisiens qui offrent un beau contraste. L’homme de l’image 8, au regard si fort, aurait également gagné en intensité si la photo avait été cadrée plus proche, sans la partie gauche. En comparaison, l’image 9 est bien meilleure (une de mes préférées), car la lumière est uniforme et la composition nous force à nous concentrer sur le sujet principal, qui n’est pas centré, et sur ces deux formidables portraits de femmes.

La composition de l’image 10 est très intéressante, avec ses structures parallèles, portes, vitres, miroirs, et guirlandes lumineuses. Plus intéressante que l’image 5 selon moi, car plus complexe, et les sujets sont à la bonne distance. En contraste, le sujet de la photo 11 est peut-être un peu trop proche, la scène et l’organisation de l’image un peu trop artificielles.

L’image 6 pourrait être un peu trop anecdotique mais il en ressort une si bonne énergie, et une tonalité si naturelle, des sujets si spontanés, qu’elle devient une bonne image.

L’image 4 est intéressante mais un peu faible au niveau de la composition, on manque de point focal.

Les images 1 et 2 sont de bonnes images en elles-mêmes, et elles sont intéressantes placées l’une après l’autre car elles résument ainsi le sujet : la distance, l’identité, et le rapprochement.

Merci pour ce beau travail et joyeuses fêtes !