Depuis trois ans, le mode de vie des villageois a été bousculé par l’arrivée quasi-simultanée de l’électricité et d’une antenne relais pour la téléphonie et l’internet mobile.
Depuis lors, les antennes paraboliques commencent aussi à « fleurir » dans le décor.
Certaines communautés ont cédé aux sirènes de l’écotrourisme et voient, depuis, arriver des pirogues de voyageurs, smartphone à la main pour immortaliser l’autochtone.
Le cacique et les habitants du village de Piriati ont fait un choix radicalement différent en initiant des actions de sensibilisation et d’information auprès du grand public mais également auprès des autorités du pays pour lutter contre la disparition « annoncée » de leur identité culturelle.
Génèse de la série
Pour faire vivre la culture Emberá, les villageois mettent toute leur énergie et leurs faibles moyens dans l’organisation d’une grande journée culturelle.
Le « Dia cultural » est le point d’orgue des actions qu’ils mènent toute l’année pour essayer de préserver leurs traditions :
– sauver leur langue de l’oubli car seul l’Espagnol est enseigné dans les écoles
– transmettre l’art des peintures corporelles,
– jouer, chanter et danser sur les musiques qui racontent les scènes de la vie quotidienne,
– garder les techniques de construction de l’habitat traditionnel en bâtissant quelques huttes.
En relation avec l’Alliance Française au Panama, et en accord avec le cacique du village, j’ai souhaité venir soutenir, à ma manière, leur engagement et leur combat pour faire reconnaître l’existence de la culture indigène Emberá.
Le projet photographique qui prend forme dans la série intitulée “Emberá, le charnel à fleur du pinceau” a pour objectif de porter un regard artistique autour de cette manifestation culturelle.
Vie de la série
Le pari culturel des indiens Emberá de cette région du Darién est ambitieux.
Ils n’ont pas souhaité en monnayer un pan pour pouvoir continuer d’exister et cela, malgré la faiblesse de leurs ressources.
Ma démarche m’a permis de rencontrer des hommes et des femmes dont la culture est menacée de disparition à plus ou moins court terme si rien n’est fait pour les soutenir dans leurs actions.
Les enjeux sont donc clairement posés : y-a-t-il un avenir pour la culture Emberá, en dehors des circuits organisés par les professionnels du tourisme ?
En tant qu’auteur-photographe, je souhaite poursuivre mon travail photographique pour que “Emberá, le charnel à fleur du pinceau” dépasse les frontières du Panama et vienne à la rencontre de nos cultures.
La série est composée, à ce jour, de 20 photographies numériques, en noir et blanc.
Elle se focalise sur la pratique des peintures corporelles qui constituent sans conteste l’aspect le plus emblématique de la culture Emberá.
Elles sont réalisées à partir du jus du fruit de l’arbre Jagua qui aurait des vertus protectrices contre les maladies et/ou pour chasser les mauvais esprits.
Tout en montrant son appartenance à un groupe, elles permettent d’arborer, à tout âge, une identité singulière et unique par le choix des motifs qui vont être peints sur tout le corps.
Ici, les gestes sont exécutés avec une grande précision et le travail des peintures se fait en groupe car il nécessite plusieurs heures par personne.
Le photographe peut témoigner, montrer, sensibiliser, voire soutenir mais pour cela, il faut que ses photos prennent vie, que les pixels rencontrent des pigments, de la cellulose, des cimaises, des rotatives… des yeux et des mains pour les voir et les partager.
Biographie
La ville natale d’André Breton (Tinchebray) a été celle de mes premiers pas, moi qui vit le jour exactement 67 ans après Brassaï.
Economiste de formation et diplômé d’un 3ème cycle universitaire en ingénierie financière, j’ai rédigé mon premier CV à l’attention de DRH d’entreprises en y intégrant une touche créative à l’aide d’une de mes photos (des ballons de baudruche) placée sur la page de couverture.
Bien entendu cette photo et ces ballons avaient une histoire…
Après 15 années d’une vie professionnelle très dense, j’ai décidé de donner une autre orientation à mes priorités en revenant vers ma passion, celle que je pratiquais jusqu’alors en amateur : la photographie.
Afin de renouer avec les pratiques photographiques et d’appréhender les nouveautés du « métier » via les outils numériques, j’ai suivi des stages à l’Ecole des Gobelins de Paris. Je vis en Rhône-Alpes et travaille à Paris.
Photographe freelance, mes travaux de commande sont principalement constitués de reportages, de portraits pour des entreprises et des fondations (BNP PARIBAS, Recherche médicale, Fondation de France), des associations (ADIE, AFHE, Mixcity) ainsi que des collectivités locales.
Auteur-Photographe depuis 9 ans, je construis mon travail, entre ombres et lumières, dans une réalité « encrée » sur nos environnements et nos comportements, sans fard !
Mes séries s’inscrivent dans un récit multiple et unique, autour d’un recueil de poèmes de Victor Hugo – « Les rayons et les ombres ».
Qu’il est troublant de « lire » l’image que l’on voudrait faire ! Qu’il est plaisant de pouvoir emprunter quelques mots en guise d’exergue…
Je ne puis être ni un Chateaubriand, ni un Hugo, mais tout au moins un auteur de photographies contemporaines guidé par la poésie.
Cette démarche créative s’expose au gré des différentes galeries de mon site internet.
Il y est question de liberté, de culture, de solitude, de diversité, d’hommes et de femmes menacés d’uniformisation, de radicalisations… voire de disparition.