Une nouvelle vie commence, elle fait écho à ce qu’ont vécu ses ancêtres en quittant la Sicile au milieu du 19ème siècle. Cette première migration due à une situation économique difficile en Italie ne parvient pas à rompre le lien fort de la famille avec la pêche. Pêcheurs sur cinq générations, aujourd’hui il reste Franck, son père Victor et son grand-père Joseph.
Tous les jours, Victor et Joseph attendent Franck au port, le dernier pêcheur de la famille encore en activité. Depuis toujours, ils allaient au Mirador de Port-Vendres pour s’assurer que le bateau rentrait sain et sauf de la pêche. Depuis, Victor a fait installer une statue de la vierge Marie au Mirador. Orientée vers l’Est elle accueille les bateaux arrivant à Port-Vendres.
L’activité de pêche de Franck a beaucoup changé depuis 15 ans. A l’époque où Victor et Franck travaillaient ensemble sur un chalutier, ils pêchaient beaucoup d’anchois et de sardine. Aujourd’hui, il reste peu de chalutiers et une dizaine de bateaux de pêche. Le contexte écologique et économique rend le travail plus ardu, mais la décision d’être pêcheur reste évidente pour Franck. C’est son héritage.
La mer est le centre de la vie chez ces trois hommes. Ce projet raconte la mémoire vivante de cette famille autour du lien que représente la pêche dans leur histoire. Un symbole de la fierté familiale, de la relation à la tradition, du soutien les uns vers les autres.
L’histoire de cette famille s’inscrit dans une histoire plus globale de Port-Vendres, où beaucoup de familles de pêcheurs « Pieds-noirs » se sont installés lors de l’exode de la guerre d’Algérie.
A travers les migrations, les changements économiques et culturels, ainsi que les générations, la pêche reste un élément constant de ce territoire.
Ce projet m’a intéressé de par mon expérience personnelle de migration de la Pologne vers le Canada et ensuite vers la France. Je suis aussi sensible à la thématique de la famille et de l’héritage identitaire, c’est pourquoi j’ai voulu raconter cette histoire.
Née en Pologne, élevée au Canada, Dagmara grandi dans un contexte diversifié entre la culture polonaise, québécoise, anglo-saxonne et ce dans un cadre de vie d’immigrée. Ceci lui a ouvert d’autres points de vues à l’égard de la tradition, des langues et des valeurs familiales.
De longues périodes d’hospitalisation et d’alitement dans son enfance ont façonné sa vision et lui ont permis d’observer le monde qui l’entourait plus attentivement. De ça est née une envie pressante de comprendre les gens, d’aller au fond des choses, sans avoir peur du regard extérieur.
De 2003 à 2009, la curiosité de l’étranger l’a pousse à étudier et travailler dans plusieurs endroits, de l’est-canadien à l’Équateur en passant par l’Espagne et la Suisse.
Formée au départ en sciences politiques et développement durable, elle s’intéresse à la photographie depuis l’adolescence. En 2011, elle suis une formation dans ce domaine à l’université Concordia, à Montréal et ensuite à l’Ecole Estienne à Paris en 2014.
Elle partage son temps entre la photographie de mariage documentaire et des projets artistiques plus personnels. Elle s’intéresse aux thématiques liées à l’identité personnelle et culturelle, la migration, ainsi que le rapport à l’autre autant physique qu’émotionnel. Elle souhaite aller à la rencontre de l’autre, rentrer dans l’intimité de son sujet.
Elle traite ces thèmes surtout sous un angle social. Son travail s’inscrit dans le courant de la photographie documentaire subjective, aussi appelée photographie documentaire créative.
Toujours très passionnée par l’écologie, elle est également co-fondatrice du site Le cri du Zèbre, un projet qui encourage les Parisiens à découvrir des activités éco-responsables et solidaires dans leur ville.