Video conference with
MARTA DAHÓ,
Independent curator and teacher of History of photography
Il était une fois des mains de sorcières.
Celles de Cécile ont les ongles vernis. Ses mains fermes et précises plantent un couteau dans la coque du bateau qu’elle retape. Depuis que son père l’emmenait sur les ports observer les vieux gréements quand elle était enfant, Cécile est fascinée par la mer et les bateaux. Depuis la nuit des temps, la sorcière incarne la femme affranchie de toute domination, de toute limite. Par un processus alchimique, Cécile transforme le bois en embarcation, et ses doutes en une volonté farouche d’exister dans un monde d’hommes.
À quelques encablures de là, plus tôt dans la journée, une autre main de sorcière remonte dans les filets d’un pêcheur. C’est un corail brun gorgé d’eau, aux branches comme des doigts boursouflés de verrues.
De ces deux visions croisées le temps d’une marée, une légende est née.