Rêves de femmes
Les fermetures de communautés aborigènes annoncées par Colin Barnett, premier ministre de l’Australie Occidentale se multiplient depuis novembre dernier. Les raisons invoquées sont d’ordre socio-économiques. L’état n’aurait plus les moyens de subvenir aux « choix de vie » des habitants des communautés reculées, ces derniers ne participant pas assez à l’économie et à la société australienne. Cette situation met en danger la communauté la plus vulnérable du pays.
Pour les quelques 670 000 Aborigènes vivant sur le territoire australien, vivre sur leurs terres n’est pas une question de choix mais de survie culturelle. La culture aborigène implique une connexion profonde avec le territoire natal, avec la terre des ancètres. Pour les aborigènes, l’espace n’est pas seulement une étendue géographique, mais véhicule une signification spirituelle et identitaire.
Les femmes artistes-peintres de la communauté de Lajamanu font parties des gardiennes de cette tradition nommée le « Temps des Rêves ». C’est à elles qu’incombe la tâche de mettre en scène l’Histoire sacrée de leurs Ancètres afin de la transmettre aux générations futures. Les motifs représentés peuvent représenter aussi bien des éléments du paysage (arbres, sources, rochers) que des actions des ancètres sur ce même territoire. Les empreintes de ces derniers sont toujours associées à la topographie d’un espace donné.
Pour Lily, Rebecca, Vivienne, Agnès, Elisabeth, Biddy et Angela, l’art est une forme de résistance économique et culturelle, une ressource précieuse permettant d’apporter des solutions non seulement à leur situation mais à la société australienne dans son ensemble.