En Watasie tout est permis. Je revisite le genre de la photo satirique pour aborder la représentation du pouvoir et chercher à en déconstruire les artifices.
Si les ministres de ce micro-Etat imaginaire sont brillants, au sens propre de la lumière, c’est pour dire la manipulation voulue des photos sur les consciences. Si la Watasie et ses paysages sont beaux, c’est pour rappeler combien l’image politique est aussi le lieu par excellence de l’illusion.
La mise en scène de leur intimité par les hommes et femmes politiques vise souvent à les rendre faussement proches de leurs « compatriotes » pour mieux asseoir leur pouvoir. Le jeu de l’image fait de la proximité la plus grande distance, le moyen le plus efficace de la construction de la puissance. Machiavélique.
En Watasie, je m’amuse à rejouer cette hyper proximité, ajoutant les couleurs acidulées de l’enfance et un décalage qui nous rassure en mettant à distance. L’image du pouvoir est forte pour mieux hypnotiser. Elle est la supercherie parfaite, à laquelle, complices d’un jeu de dupe, nous consentons volontiers.
Je mêle la performance à la photographie. Alfredo Ajarry Président dictateur « sympa » est aussi son propre photographe officiel et le réalisateur de cette brochure de luxe imprimée sur papier glacé.
Inspiré par le père Ubu, Borat et Brazil autant que par Joan Fontcuberta ou Cindy Sherman, j’imagine une utopie déjantée pour nous questionner sur les artifices, le cérémonial du pouvoir.
Benjamin Barda est né en 1978 à Dijon. Il vit et travaille à Paris. Diplômé de Sciences Po puis en anthropologie, il a réalisé ses premiers projets photo en Afrique. Après avoir travaillé comme journaliste, il a choisi la photographie en 2009. Explorant surtout la mise en scène et le portrait, il interroge le déséquilibre, la vitesse, le vertige.
En 2019, il a entamé un travail personnel au long cours, sur le thème du voyage intérieur : il revisite ses archives, réalise des autoportraits, des mises en scène et performances. En 2021, il commence la série Aerolite, sur le thème de la folie.
Ses photos ont notamment été exposées au salon Eclat de Mode, à la Philharmonie de Paris et projetées à la fondation Manuel Rivera-Ortiz à Arles. Benjamin Barda est sélectionné pour participer à la résidence photographique du Musée Sunnhordland au Monastère de Halsnoy en Norvège en 2022.