Marie Augustin

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Marie Augustin

Bar Tito

de Marie Augustin (France)

Depuis une dizaine d’années que je travaille dans la photographie, j’ai réalisé quelques reportages, toujours en tentant de m’attacher à l’histoire des personnes que je photographiais et de trouver un angle intéressant. En faisant ce workshop, je voulais me confronter à cet exercice particulièrement difficile pour moi.


Portfolio du workshop Photographie Narrative avec J-E Atwood, Octobre 2012.

Revue écrite par

MARTINE RAVACHE
Iconographe indépendante, France  
Vous avez raison, c’est un exercice difficile et vous vous en sortez plutôt bien. Vous maîtrisez très bien les lumières et l’atmosphère, c’est là où on retrouve votre professionnalisme évident. Vous avez appris à « camper » les lieux de l’action et à vous approcher progressivement de l’extérieur vers l’intérieur , du général au particulier. C’est un bon point. A mon sens, vos difficultés viennent principalement de deux choses.

La première est sans doute de sortir d’un mode purement descriptif , d’apprendre à « décoller « du réel pour nous emmener …ailleurs , au delà du visible, au delà de ce qu’on voit . Votre travail de photographe est d’amener une valeur ajoutée à la simple réalité, de vous efforcer de la transformer pour offrir une « vision » au spectateur. Il vous faut sans doute « assumer » quelque chose de votre intérêt pour ce lieu et ces marins (peut-être vous impliquer vous-même davantage ? ).

L’autre difficulté (elle est réelle pour tout photographe) c’est le portrait de groupe dans un lieu fermé et sans doute étroit. Un portrait de groupe demande de restituer une certaine « chorégraphie » c’est à dire un mouvement où tout le monde idéalement trouve sa place. Ce n’est pas le cas dans vos images. Ce n’est donc pas un hasard, compte tenu de ces deux remarques, si ma photo préférée est sans doute la plus simple mais aussi la plus « visuelle » à savoir le portrait de cet homme tout seul , écrasé par le poids de l’affiche (et de la femme) au dessus de lui. Dans cette image, vous restituez à cet homme une intériorité, une individualité qui nous interpelle. Il y a encore quelque chose de cet ordre dans cette autre image où on voit 2 garçons à l’entrée du café se serrer les mains sans se regarder. Ce simple geste nous dit plein de choses sur le mode de relations entre eux d’autant que le regard du garçon qui s’échappe et nous fait face, nous donne envie de regarder et d’en savoir davantage. Dommage que le garçon de dos se découpe de façon imprécise.

Voilà si vous voulez éveiller notre intérêt, il faut nous donner des indices de ce qui se passe ENTRE les gens et il ne suffit pas pour ça de les photographier ensemble… peut-être vous faut-il moins chercher à photographier plein de monde et à restituer davantage de moments « forts » entre eux . Mais je pense que vous pouvez y arriver et je vous encourage . si je rentre dans des considérations plus techniques de présentation de votre travail, avec un si petit nombre de photos il serait peut-être plus fort de vous « concentrer » davantage sur votre sujet , de moins vous disperser entre le port et le café, d’autant que les photos du port (mis à part la première qui présente Barcelone) restent des vues très serrées et un peu approximatives qui ne nous donne pas vraiment une idée du pays, de la ville, du lieu. Il vaudrait peut-être mieux choisir de vous cantonner au café, nous présenter au moins la façade du café (ce que nous n’avons pas vraiment) et pour faire le lien narratif entre extérieur et intérieur, peut-être suivre une personne, un des marins qui instaure une narration et des repères. Le café est un sujet intéressant , plein de possibilités mais difficile. Il faut trouver la solution pour vous mouvoir dans ce lieu sans gêne (gêne palpable dans les photos). C’est un défi mais avec du temps, vous pourriez résoudre tous ces problèmes.


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